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Hala Warde HW Architecture Nan Goldin Visible Invisible Versailles
Nan Goldin: Visible / Invisible

À rebours

Hala Wardé

Quand j’ai parlé à Nan Goldin pour la première fois, elle était à New York où il faisait jour, et moi au milieu du désert Nabatéen, en pleine nuit étoilée.

Nous devions échanger au sujet d’une collaboration entre son travail d’artiste et une installation architecturale pouvant l’accueillir dans les jardins de Versailles. Je l’ai longuement écouté parler de ses premières idées, elle venait de découvrir l’histoire de la Marche des Femmes au moment de la révolution française, qui l’avait particulièrement fascinée. Elle m’a par la suite envoyé une large documentation à ce sujet, dans lequel je me suis moi-même plongée. Nous avons évoqué l’idée d’un labyrinthe…plusieurs conversations ont suivi, elles étaient intenses et profondes.

 

Nous nous sommes rencontrés quelques semaines plus tard avec Alfred Paquement à Versailles. Nan Goldin y avait découvert la beauté des réseaux de canalisations souterraines des fontaines, elle n’en sortait plus. Entretemps l’idée d’une installation extérieure avait été abandonnée, il fallait occuper les espaces intérieurs du Petit Trianon.

Nous avons arpenté les lieux dans tous les sens, à la recherche d’espaces appropriés, nous ne les trouvions pas. Nan était attirée par les lieux dérobés, cachés, elle allait là où le public ne va pas, nous l’avons perdue, puis retrouvée dans le sous-sol, où elle se sentait bien...

Nous avons découvert un premier couloir de pierres, sombre et vouté, servant d’issue de secours. Puis sur un niveau surélevé, un deuxième couloir, toujours en pierre, lumineux et courbe, menant à une porte dérobée. Ces deux couloirs n’étaient reliés que visuellement, à travers une fenêtre. J’ai proposé à Nan de démonter temporairement cette fenêtre et créer une pièce particulière et spécifique, pour mettre ces deux lieux en relation. Une pièce de connexion, avec quelques marches, une sorte de rotule.

Mon travail d’architecte s’est principalement porté sur cette pièce nouvelle, mais surtout sur la révélation des lieux existants; de ce chemin inconnu, déconnecté des salles du Petit Trianon, de ces deux portes secrètes, mais aussi de la matière, la pierre appareillée, dans l’ombre humide, ou rasée par la lumière du jour, en résonance avec l’acier brut de la rotule.

Il s’agissait finalement d’une inversion (ou plutôt d’une perversion) du parcours. Pénétrer le lieu à l’envers, entrer par une porte de sortie, parcourir le chemin à rebours…

Dans le premier couloir sombre, le visiteur est désorienté, et perd ses repères, comme dans un labyrinthe, ou dans les sous-sols des canalisations que Nan Goldin a merveilleusement photographiés, et qui recouvrent l’ensemble des voutes de pierre. Il est alors amené à traverser la rotule pour atteindre le deuxième espace, baigné de lumière naturelle, et peuplé de femmes pétrifiées, rendues vivantes et presque charnelles par les tirages grandeur nature de Nan Goldin et des voix.  L’intervention sonore de Soundwalk complète parfaitement cette immersion, faisant de cette installation une œuvre unique et totale. 

Hala Warde HW Architecture Nan Goldin Visible Invisible Versailles
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