
This Will Not End Well




I never wanted to be a photographer. I always wanted to be a filmmaker. I found a way to make films out of still images. Making slide shows gives me the luxury of constantly reediting to reflect my changing view of the world.
Je n'ai jamais voulu être photographe. J'ai toujours voulu être cinéaste. J'ai trouvé un moyen de faire des films à partir d'images fixes. Faire des diaporamas me donne le luxe de rééditer constamment pour refléter ma vision changeante du monde.
Nan Goldin






This Will Not End Well
How did it begin?
Cela commence par un ensemble d’œuvres, les slide-shows et films de Nan Goldin, qu’elle a choisi de mettre ensemble pour la première fois dans un même lieu, le temps d’une exposition rétrospective à l’invitation du Moderna Museet de Stockholm.
Des œuvres uniques et différentes, même si elles sont nées de la même veine et qu’on peut y trouver des ressemblances. Certains films sont plus connus que d’autres, ils ont ému et bouleversé des générations par la puissance de leur contenu. Ces œuvres n’ont pas d’âge, même si certaines sont récentes et d’autres plus anciennes, Nan n’ayant jamais cessé de les soigner, de les parfaire, de les garder vivantes.
Pour mettre en scène cette exposition, Nan appelle son architecte. L’architecte commence par écouter attentivement l’artiste expliquer son projet, puis s’interroge :
Comment orchestrer la mise en espace de ces pièces si différentes ?
Comment préserver leur individualité tout en les faisant dialoguer ensemble ?
Comment trouver l’unité nécessaire à la cohérence visuelle et spatiale ?
Comment gérer la proximité des œuvres entre elles ?
Quelle forme ? quelle matière ? quelle lumière ?
La première idée sera d’organiser cet ensemble comme un plan urbain, un morceau de ville ou un village, et de concevoir pour chaque œuvre de Nan une architecture spécifique. Des pièces visibles qui vont s’exprimer comme des corps vivants, soigneusement placés sur la scène pour créer un moment d’harmonie, comme les instruments d’un orchestre jouant une même partition.
Les formes de ces pièces vont naitre, une à une, chacune spécifique et inspirées de son sujet, même si leurs dimensions sont d’abord dictées par les contraintes techniques des projections, qui nécessitent des configurations très spécifiques : Parfois réminiscences de lieux existants que ces œuvres ont habités, comme la chapelle de la Salpetrière à Paris pour Sister Saints & Sybils, une salle de cinéma pour The Ballad of Sexual Dependency, ou l’atmosphère dorée d’une boite de nuit pour The Other Side. Ou encore des sensations diverses liées aux films comme l’effet labyrinthique d’une forme circulaire pour Fire Leap, slideshow sur des enfants, ou la claustrophobie d’un plafond qui s’abaisse pour Memory Lost, qui évoque la noirceur de l’addiction…
Au Moderna Museet de Stockholm, 6 pièces architecturales vont ainsi apparaitre dans une pénombre ambiante, corps sombres composant un paysage à géométrie multiple : courbes, rectilignes ou angulaires, ils se dressent dans leur unicité, entrent en dialogue, se frôlent, se touchent presque, puis s’éloignent, figés dans un instant de chorégraphie. Leur organisation en plan est parfaitement mesurée, ancrée dans l’architecture existante du lieu.
D’épais tissus épousent l’architecture de ces formes, les enveloppant au plus près de leur structure, pour protéger la lumière et la musique intérieures de chacun de leur cœur battant. Une première peau intérieure se double par une deuxième à l’extérieur, qui se retourne, puis s’écarte légèrement pour inviter discrètement le visiteur à y entrer.
Cette première exposition qui fait ses premiers pas à Stockhlom, est amenée à voyager. Elle a déjà rendez-vous dans d’autres lieux de prestige : Le Stedelijk Museum à Amsterdam, la Neue Nationalgalerie à Berlin, chef d’œuvre de Mies Van der Rohe, le Pirelli HangarBicocca à Milan, et le Grand Palais à Paris. L’installation se renouvelle, peut-être s’amplifie, selon les espaces : Formes constantes pour une mise en scène variable, les pièces vont se déplacer, emportant avec elles leurs habits de scène, puis se replacer dans un ordre spatial nouveau, en dialogue permanent entre elles et avec l’architecture.
Voyage perpétuel dans l’univers de Nan Goldin:
This will not end well.
Hala Wardé