Fondation Bemberg


Emprunts et empreintes d’architectures
Hala Wardé
La première oeuvre de la Fondation Bemberg est son architecture : celle de l’hotel d’Assézat, bâtiment historique du XVIIème siècle, qui provoque chez le visiteur l’émotion immédiate du lieu, avant sa rencontre avec les oeuvres d’art de cette collection exceptionnelle.
Si des interventions successives à l’intérieur de l’édifice ont pu par endroits dénaturer certains espaces en les mettant parfois en contradiction avec l’architecture, notre objectif premier sera de veiller à rétablir son esprit et ramener la conscience du lieu tout au long du parcours de la visite. Nous allons révéler cette architecture remarquable, la valoriser, restituer son essence et la prolonger de l’extérieur vers l’intérieur.
Par le tracé et l’empreinte, nous ferons surgir les formes et les détails les plus remarquables de l’édifice et de son architecture renaissante. Géométries des sols, pavés de pierre ou pavements de brique, emmarchements ou escaliers, appareillages de pierre autour des porches ou en encadrement des portes, embrasure et ébrasement des ouvertures, seuils successifs…
En identifiant chacun de ces composants, en en soulignant quelques morceaux choisis par des traces de bronze rapportés sur chacune de ces formes architecturales, la révélant et l’amplifiant, surlignant sa géométrie ou sa situation particulière dans l’édifice, nous allons orienter le regard du visiteur vers le détail singulier, et nous en servir pour guider ses pas tout au long de son parcours.
Depuis le centre-ville ou le quai de la Garonne, le long de la rue de de Metz jusqu’au parvis et la cour d’honneur, sur les arcades et le long de la loggia qui amène à l’entrée du musée, chacune de ces interventions pourra également devenir support de marquage ou de signalétique.
Dans les nouveaux espaces d’accueil dont on aura restitué les sols et murs d’origine, ces marquages en double peau pourront muter et se prolonger en mobilier divers, devenant lutrin, présentoir, tapis, comptoir ou banquette, en écho aux deux lustres suspendus éclairant un ensemble cohérent et recomposé. Sur le mur du fond, un triptyque de trois écrans verticaux pourra raconter l’histoire du fondateur, de sa collection, et du bâtiment.
Pour redonner de la fluidité à la circulation horizontale et verticale, nous proposons de prolonger au sous-sol l’escalier de la tour, renforçant ainsi sa fonction de colonne vertébrale du bâtiment, libérant le vestibule d’entrée de sa trémie, et améliorant la distribution des salles d’expositions temporaires par une arrivée centrale et un noyau restructuré qui regroupe en sous-sol les services sanitaires et logistiques.
Au premier étage, nous proposons de garder les salles de Venise et de l’Europe dans leur scénographie d’origine, et d’intervenir sur les autres salles, tout en réorientant le parcours de visite.
La galerie des portraits retrouvera son état d’origine par l’ouverture des baies vitrées au sud, permettant une lumière naturelle traversante, filtrée et contrôlée. Les plafonds seront remontés au maximum en déplaçant les fluides dans les combles. Un cadre suspendu à la façon d’un lustre permettra l’éclairage ambiant et directionnel sur les oeuvres, le tout dans une esthétique noble et élégante. Pour un meilleur confort thermique, le sol de la galerie se trouvant au-dessus de la loggia, sera restitué par un parquet perpendiculaire aux fenêtres, et la circulation sera ramenée dans sa disposition d’origine le long de la façade sur cour, avec des vues orientées sur le bâtiment historique.
Nous travaillerons en étroite collaboration avec l’équipe scientifique et les conservateurs pour redéfinir l’accrochage des peintures dans la galerie des portraits, tout en réduisant la présence des objets d’art (bronzes, émaux, céramiques, etc.). Nous en choisirons quelques-uns qui pourront dialoguer avec les tableaux, et les présenterons sur un mobilier muséographique conçu dans l’esprit des empreintes, en contrepoint des éléments d’architecture que nous aurons révélés et relevés avec précision.
Ainsi, les oeuvres d’art seront mises en cohérence avec leur écrin, et si cette intervention pouvait se prolonger aux autres galeries, dans un dialogue continu avec les conservateurs et les architectes du patrimoine, nous aurons réussi le pari de réconcilier dans ce lieu l’art et l’architecture, en parfaite harmonie.




